UN ABSENT DANS NOS COEURS

Ils seront 1300. Et pourtant il en manquera un. Michaël Chamot aurait dû, ce samedi, prendre le départ de l’Enduropale. Un terrible accident à l’entraînement, début décembre à Loon-Plage, en a décidé autrement. Il allait fêter ses 40 ans. Sa compagne Virginie nous raconte la passion qui l’habitait. 

« Quand on s’est marié, ça faisait partie du deal. Sa passion était indissociable de lui. Sans sa moto, ce n’était plus le même homme. Moi je ne connaissais pas ce sport, mais il m’a apporté beaucoup. On a voyagé en Italie, en Espagne… Lui est même allé aux Etats-Unis. On a rencontré plein de gens, on s’est fait des amis.

Au départ il faisait du super-motard, puis il est passé au cross. Je l’accompagnais sur tous les circuits, j’avais besoin de ça. Quant il le fallait, je le soignais, je le recousais . C’était un casse cou, il m’aura tout fait… Mais il avait une détermination sans faille. Si j’ai appris une chose de lui, c’est bien ça. Il pouvait souffrir, il repartait.

Un jour, alors que nos jumelles Laly et Vicky venaient d’avoir 3 mois – elles ont 7 ans aujourd’hui – il a eu un gros accident, un bon trauma. Ca a changé les choses, je lui ai demandé de faire attention, on s’est marié. C’est là qu’il a commencé à penser au sable. En me disant que c’était pas pareil, que c’était moins dangereux. Il m’a montré des vidéos de l’Enduropale, ça me stressait. Rien que le départ, c’est fou !

Il s’est lancé dedans à fond. Il faisait du fitness et on s’est mis à cuisiner vapeur à la maison. Il a fait le Cyclotour du Lac Léman, plusieurs fois, pour sa condition physique. Et puis on est allé à Ottobiano, en Italie, pour rouler sur du vrai sable, car autour de chez nous, près de Lausanne, il n’y a pas vraiment de piste. C’est rapidement devenu son spot de référence. Il y allait souvent le week-end. Ca faisait 8 mois que je ne le voyais plus beaucoup. Notre garage ce n’était plus un garage, c’était un spot à motos, avec des pneus sable partout, des pièces à n’en plus finir, achetées sur les conseils de pilotes qui avaient déjà fait le Touquet ! Il voulait le meilleur, sans arrêt. A la fin de l’année, on avait prévu de descendre dans le sud-ouest de la France pour qu’il s’entraîne. On avait un camion et il voulait qu’on achète un camping-car pour que les enfants soient bien installés pendant les entraînements, surtout par temps froid l’hiver. Il voulait s’inscrire à tout le championnat de France des sables l’année prochaine.

Il a toujours voulu faire l’Enduropale, mais faut croire que cette course ne voulait pas de lui. Une année, il avait réussi à s’inscrire mais il s’était blessé juste avant et avait dû renoncer. Loon-Plage, il y était déjà allé une ou deux fois. Ca fait loin pour nous mais il ne passait jamais les week-ends seul. Il retrouvait toujours des copains. Après l’accident, la famille du sable a été bienveillante. Franck Duflou, le directeur du circuit, a été adorable. J’ai appelé Mathéo, le pilote qui a percuté Michaël, pour lui dire que je ne lui en voulais pas, qu’il fallait qu’il continue à faire ce sport. Il a 20 ans et toute sa vie devant lui. Je suis une maman avant tout… On m’a dit que ce matin-là, Michaël avait bien roulé, en faisant quelques tours avec les meilleurs. Ca m’a apaisé de savoir ça.

J’ai décidé de venir au Touquet ce week-end, tout était prévu de toute façon, l’hôtel, le transport…On y sera avec Mike, son plus proche copain de la moto, et un couple d’amis. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre, cela va sûrement être beaucoup d’émotions. Mais je voulais voir ça, pour Michaël. Je lui ramènerai du sable, pour mettre sur sa tombe ».