LA PLAGE NOTRE BIEN LE PLUS PRÉCIEUX

L’accès au pied de dunes, le long du circuit, entre Stella et Le Touquet, sera de nouveau interdit aux spectateurs. Une décision nécessaire pour faire perdurer la course. On vous explique pourquoi.

Il y a bientôt 20 ans, en 2005, l’Enduro du Touquet quittait les dunes pour continuer son histoire uniquement sur plage. Victime de son succès, pourrait-on dire. Car la présence de centaines de milliers de spectateurs dans le massif dunaire, pour acclamer les pilotes, endommageait trop fortement cet espace naturel protégé. A regret, mais en prenant la mesure des enjeux, la ville du Touquet décidait donc de concentrer le nouveau circuit uniquement sur la plage. Adieu l’Enduro, vive l’Enduropale.

Depuis, les organisateurs n’ont cessé de travailler et dialoguer avec les autorités pour mesurer les impacts de la course sur notre bien le plus précieux, la plage. C’est ainsi que chaque année, en collaboration avec le cabinet Alfa Environnement, des études d’incidence sont menées sur différents aspects : traces d’hydrocarbures, suivi des oiseaux et des mammifères marins ou encore le benthos, cet ensemble d’organismes qui vivent dans le sable. « Je ne suis ni pour ni contre l’Enduropale, explique ainsi Pascal Desfossez, le directeur du cabinet qui mène ces études en toute indépendance. J’ai une position scientifique. Nous recherchons si les courses peuvent avoir des incidences significatives et durables sur les milieux naturels, et non pas seulement ponctuelles, c’est un point très important. Ainsi, concernant les oiseaux, nous faisons un suivi avant, pendant et après l’événement, via un protocole standardisé. Et depuis plus de dix ans que nous menons ces études, elles n’ont rien révélé de notoire. C’est le cas aussi pour les mammifères marins ou les hydrocarbures. Néanmoins, il nous faut continuer à regarder tous les impacts possibles, d’abord parce que nous en sommes en zone Natura 2000. Mais pas seulement ».

Parmi les études, la plus importante est peut-être celle qui concerne la laisse de mer : ce que les marées ramènent sur la plage après une marée haute. Elle contient des débris d’origine naturelle où se forme et se nourrit tout un éco-système. Au pied des dunes, cette décomposition permet à des végétaux de se former, comme le chiendent du littoral ou les fameux oyats, cette plante qui contribue à créer puis fixer l’espace dunaire, grâce à ses longues racines qui s’enfoncent dans le sable. Rien de mieux pour lutter contre les risques d’érosion et de submersion marine ! Voilà donc pourquoi l’organisation de l’Enduropale, en concertation avec la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer) et le Parc naturel marin, a pris la décision, drastique mais nécessaire, d’interdire le pied de dune aux spectateurs. Pour protéger cet espace du piétinement. A terme, sans ce genre de mesure, c’est la topologie de la plage qui pourrait être remise en cause et donc la course elle-même, qui n’aurait plus le cadre suffisant pour se dérouler.

L’Enduropale du Touquet, rappelons-le, est une course qui se déroule, à titre dérogatoire le temps d’un week-end, sur un espace naturel et maritime d’une beauté remarquable. Un terrain de jeu unique dans l’histoire des compétitions sportives. Faisons en sorte, tous ensemble et au prix de quelques sacrifices, d’en prendre le plus grand soin.

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